L’Écophonisme

Manifeste pour une Musique Écophonique - Un art sonore situé, vivant, résonant.

Holeg Spies

L’Écophonisme désigne une démarche artistique qui considère le son non comme une abstraction, mais comme un être vivant en relation dynamique avec son environnement.
Il ne s’agit pas d’un style, ni d’un genre, mais d’une attitude d’écoute et de création fondée sur la résonance entre le sonore, le lieu, le corps et le vivant.

La Musique Écophonique est un art de la présence, enraciné dans l’ici et maintenant : elle surgit d’un lieu, d’une mémoire, d’une matière. Elle engage l’écoute comme un acte sensoriel, spatial, symbolique. Elle transforme l’espace en partenaire et l’auditeur en habitant sonore.

C’est une musique de l’attention, de la relation, du lien. Une musique qui écoute autant qu’elle émet.

Écophonique signifie : ce qui concerne le son dans son milieu vivant ; le son en situation ; le son comme relation au monde. Le Son du Vivant.

  • Éco : du grec oikos – la « maison », le lieu de vie, l’habitat.

  • Phonique : du grec phônê – la voix, le son, la résonance.

Principes fondamentaux
  • Le lieu est actif : la musique ne s’ajoute pas au lieu : elle naît avec lui. L’acoustique, l’histoire, et l’environnement sonore de l’espace agissent comme co-compositeur.

  • Le son est vivant : le son est envisagé telle une matière organique en mouvement permanent qui évolue, respire et interagit, en synergie avec l’auditeur, le lieu, l’instant (les saisons, la lumière, l’hydrométrie…).

  • L’écoute est incarnée : elle n’est pas purement auditive : elle est corporelle, spatiale, sensorielle. L’auditeur devient présence, orientation, mémoire, résonance.

  • L’œuvre est située : elle ne cherche ni abstraction ni universalité hors-sol. Elle est contextuelle, inscrite dans une géographie, un moment, une relation.

  • Le geste musical est écologique : non au sens moral ou militant, mais au sens de l’équilibre – respect du lieu, écoute du vivant, attention aux résonances entre tous les éléments.

  • L’espace virtuel n’est pas exclu : à condition qu’il soit incarné, sensoriel, signifiant. L’Écophonisme s’étend aux mondes numériques si ceux-ci deviennent des territoires d’expérience, non des coquilles vides.

Formes et pratiques écophoniques
  • Performances in situ : grottes, forêts, ruines, cathédrales, friches, rivages…

  • Installations interactives : l’auditeur devient acteur du son et de l’espace

  • Compositions immersives : en son spatialisé (binaural, ambisonie, WFS…)

  • Œuvres en réalité augmentée ou virtuelle : où le lieu numérique est habité

  • Rituels sonores collectifs : conçus pour des lieux symboliques ou sacrés

  • Intégration de l’environnement sonore du lieu : non comme décors, mais comme partenaire musical

Pourquoi parler d’Écophonisme ?

Parce que le monde résonne.

Parce que chaque son prend sens dans un milieu vivant, et que créer, c’est aussi habiter.

Parce que la musique peut redevenir un art du lien – entre espace et corps, entre lieu et mémoire, entre humain et planète.

Parce qu’en ces temps d’abstraction, de déracinement et de saturation sonore, ré-ancrer l’acte musical et la reconnexion à l’écoute profonde dans une poétique de la relation est un geste d’espoir, de présence, et de soin.

L’Écophonisme n’impose rien, mais invite à ressentir autrement, à créer autrement, à écouter autrement. Il n’est pas une fin, mais un chemin sensible pour penser la musique et l’art sonore comme un vivant parmi les vivants.

Ecophonism

A Manifesto for Ecophonic Music - A situated, living, resonating art of sound.

Holeg Spies

Ecophonism is an artistic approach that treats sound not as an abstract thing, but as a living presence in dynamic relationship with its environment. It is not a style or genre, but an attitude of listening and creating, based on the resonance between sound, place, body, and life.

Ecophonic Music is an art of presence, rooted in the here and now. It emerges from a place, a memory, a material. It engages listening as a sensory, spatial, and symbolic act. It turns space into a partner, and the listener into a sonic inhabitant.

It is music of attention, connection, and relationship – music that listens as much as it speaks.

Ecophonic means sound in its living environment; sound in context; sound as a relationship with the world. The Sound of the Living.

  • Eco – from Greek oikos, meaning “home,” habitat, place of life

  • Phonic – from Greek phônê, meaning “voice,” sound, resonance

Core Principles
  • The place is active: music doesn’t get added to a place – it is born with it. The acoustics, history, and surrounding sounds of a space co-create the work.

  • Sound is alive: sound is a living, moving material. It breathes, changes, and interacts with the listener, the place, the moment – with light, seasons, humidity…

  • Listening is embodied: it is not only about hearing. It involves the body, space, and all the senses. The listener becomes presence, orientation, memory, resonance.

  • The work is situated: it does not aim to be abstract or universal. It is rooted in a specific context – in geography, time, and relationship.

  • The musical gesture is ecological: not in a moral or activist sense, but in a balanced one: respecting the place, listening to the living, being attentive to the resonance between all elements.

  • Virtual space is not excluded: if it is embodied, sensory, and meaningful. Ecophonism can extend to digital worlds, if they are real experiences — not empty shells.

Ecophonic Forms and Practices
  • Site-specific performances: in caves, forests, ruins, cathedrals, shorelines, abandoned spaces

  • Interactive installations: where the listener becomes a part of the sound and space

  • Immersive compositions: using spatial sound (binaural, ambisonics, WFS…)

  • Augmented or virtual reality works: where digital space becomes inhabited

  • Collective sound rituals: designed for symbolic or sacred places

  • Integration of the location natural sound environment: not as background, but as musical partners

Why speak of Ecophonism?

Because the world resonates.

Because every sound has meaning in a living environment, and creating is also a way of inhabiting.

Because music can become, again, an art of connection – between space and body, between place and memory, between humans and the planet.

Because in these times of abstraction, disconnection, and noise overload, grounding musical creation in deep listening and the poetics of relationship is an act of hope, presence, and care.

Ecophonism does not impose – it invites.

It invites us to feel differently, to create differently, to listen differently.

It is not an end, but a sensitive path for rethinking music and sound art as a living being among other living beings.